Communiqué de presse
Impunité des multinationales

Perenco nominé aux prix Pinocchio : Quand les populations locales payent le prix d’un pétrole low cost

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Paris, 21 octobre 2014 – Nominé pour les Prix Pinocchio dans la catégorie « Mains sales poches pleines » (1), l’entreprise Perenco ne peut plus faire la sourde oreille face aux demandes des organisations de la société civile. Ces associations se mobilisent depuis plusieurs années aux côtés de la population locale de Muanda (RDC) affectée par les activités de l’entreprise pétrolière.

Emploi précaire, représailles contre les personnes revendiquant leurs droits, émissions de gaz toxiques, enfouissement de déchets, fuites de pétrole polluant les ressources naturelles et halieutiques dont vivent les populations, et enfin absence d’indemnisations pour les  pertes subies : le coût humain et environnemental de l’exploitation pétrolière à Muanda, telle que pratiquée par l’entreprise Perenco est extrêmement lourd.

L’entreprise se targue pourtant dans ses engagements éthiques d’être une société responsable. Détenue par la famille milliardaire Perrodo et classée comme l’une des plus grandes sociétés pétrolières en France, Perenco a les moyens de prévenir et de réparer de tels dommages à l’environnement et aux populations riveraines.

Pour mettre fin aux violations des droits humains générées par les activités de ce groupe franco-britannico-bahaméen, les organisations de la société civile congolaises et françaises ont interpellé l’entreprise et formulé des demandes et des recommandations, sans succès.

« Perenco est maître dans le secret et l’opacité financière et juridique. Son implantation aux Bahamas et son absence de cotation en bourse permettent à l’entreprise de se dispenser de rendre des comptes à l’opinion publique et aux citoyens des pays dont elle exploite les ressources », déplore Mathilde Dupré, chargée de plaidoyer RSE au CCFD-Terre Solidaire.

Un an après la publication d’un rapport par le CCFD-Terre Solidaire, avec la CERN et ADEV (2), et malgré les échanges avec l’entreprise, la situation stagne.

Dans ce contexte,  le CCFD-Terre Solidaire et Sherpa se félicitent de la nomination de Perenco aux « Prix Pinocchio » et appellent les citoyens à voter pour cette entreprise afin que cette situation dramatique cesse.

Lundi 20 octobre, nos organisations ont adressé un courrier à Perenco pour lui faire part des demandes clés qui pourraient démontrer la volonté de l’entreprise d’opérer ses activités dans la transparence, à savoir la publication du contrat, des études d’impact et de l’actionnariat des filiales locales.

En effet, « le contrat de Perenco avec l’Etat congolais est le seul contrat qui n’est pas publié, en dépit d’une obligation légale. Il est donc impossible de connaitre les conditions négociées par l’entreprise notamment en matière sociale, fiscale et environnementale », confirme Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux dans le programme Globalisation et Droits humains (GDH) de Sherpa.

Note 

(1)     Lien vers les prix Pinocchio, organisés par les Amis de la Terre, en partenariat avec le CRID et  Peuples Solidaires : http://www.prix-pinocchio.org/nomines.php#perenco dont la remise aura lieu le 18 novembre prochain.

(2)     Rapport du CCFD-Terre Solidaire, « Pétrole à Muanda : La justice au rabais. Etude de cas en RDC. L’impunité de l’entreprise PERENCO et la responsabilité des États face aux impacts sociaux, environnementaux et fiscaux de l’exploitation pétrolière », Antonio Manganella et Samuel
Pommeret, Novembre 2013.