Enquête et étude
Flux financiers illicites

Comment les banques françaises alimentent la déforestation en Amazonie brésilienne

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Alors que la déforestation en amazonie brésilienne atteint son plus haut niveau depuis plus de 15 ans, un nouveau rapport, publié aujourd’hui par une coalition de 5 ONG et médias, met en lumière le rôle du secteur financier dans la déforestation.

Le rapport, publié Reporters Brasil, Disclose, Harvest, Sherpa et le Center for Climate Crime Analysis démontre que, les banques françaises continuent de financer des acteurs de l’agro-industrie brésilienne ayant des antécédents avérés de déforestation dans leurs chaînes d’approvisionnement, et ce, en dépit de leurs engagements récents en matière d’investissements et d’acceptation des crédits. Selon l’analyse de plus de 12 000 transactions financières entre 2013 et 2022, les banques françaises ont soutenu à hauteur de plus de 743 millions d’euros le secteur agricole brésilien, principalement la culture du soja et l’élevage bovin.

Le rapport détaille notamment les liens financiers entre BNP Paribas, première banque française en termes d’investissement dans le secteur de l’agriculture intensive au Brésil, et des producteurs de viande bovine impliqués dans la déforestation, tels que Marfrig. Il documente également l’implication d’autres acteurs, tels que le Crédit Agricole, le Groupe BPCE et la Société Générale dans une opération de crédit pour Bunge, une multinationale agroalimentaire nord-américaine suspectée de contribuer à des activités de déforestation.

Bien que la BNP affirme avoir renforcé en 2021 sa contribution à la lutte contre la déforestation en Amazonie, c’est précisément cette même année où ont été enregistrés les plus gros volumes d’investissements dans les trois grandes usines brésiliennes de transformation de viande, dont les activités menacent près de 6000 hectares de forêts.

L’Amazonie est aujourd’hui l’un des principaux puits de carbone de la planète. Au cours des dernières décennies, pourtant, d’importantes surfaces de forêt ont été détruites pour laisser place à des cultures de soja et de céréales et à des installations d’élevage bovin, et ce en dépit de la signature d’accords « zéro déforestation » par les sociétés de négoce de céréales et les usines de conditionnement de viande.

Dans un contexte d’urgence climatique, les banques doivent rendre des comptes quant à la manière dont leurs activités contribuent à la destruction globale des forêts. Les engagements volontaires de ces dernières ne peuvent plus suffire : des sanctions sont essentielles afin de contraindre les acteurs financiers à stopper le financement de la déforestation.

Communiqué de :

Sherpa, Reporters Brasil, Disclose, Harvest, et le Center for Climate Crime Analysis.

Pour plus d’informations : presse@asso-sherpa.org