Communiqué de presse
Espace civique

Plainte contre Vinci au Qatar : Vinci porte plainte en diffamation et demande des dommages et intérêts exorbitants à l’association Sherpa et à ses salariés

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Paris, Le jeudi 16 avril 2015 – Suite à la plainte que nous avons déposée contre Vinci Construction Grands Projets et sa filiale Qatarie le 23 mars pour travail forcé et réduction en servitude, Vinci porte plainte pour diffamation contre l’association Sherpa, mais aussi personnellement contre certains employés de Sherpa. En nous engageant dans cette procédure coûteuse, Vinci cherche clairement à nous pousser au retrait de notre plainte faute de moyens. Malgré l’ampleur des sommes demandées, nous sommes néanmoins satisfaits que les problématiques des violations des droits de l’homme commises à l’étranger par des multinationales françaises soient remises au cœur du débat public.

Le 14 avril, Vinci a cité à comparaître Sherpa via son Président William Bourdon mais aussi à titre individuel  :  la Directrice Laetitia Liebert, ainsi que la juriste Marie-Laure Guislain en charge du dépôt de plainte contre Vinci Construction, le vendredi 26 juin au Tribunal de Grande Instance de Paris. L’association Sherpa pourrait être tenue de payer 405 000 euros et Laetitia Liebert et Marie-Laure Guislain conjointement, 203 000 euros, montant qui comprendrait l’amende prévue par la loi, le montant de dommages et intérêts et des obligations de publications de la décision demandés par Vinci.

Les multinationales utilisent fréquemment ce genre de procédure coûteuse pour décourager les plaignants moins solides financièrement. Nous nous attendions à cette réaction appelée SLAPP (Strategic Lawsuit Against Public Participation, ou poursuite bâillon en Français).

Cette riposte commune vise en effet à entraver la dénonciation de faits par un individu ou un organisme, à travers des menaces de poursuite ; le succès d’une telle opération ne découle pas tant d’une victoire devant les tribunaux que du processus lui-même, visant à intimider la partie défenderesse ou l’épuiser financièrement dans le but de la réduire au silence.

Nous sommes confiants puisque nous avons les preuves de ce que nous avançons, et ceci ne doit pas nous faire abandonner notre mandat qui est de faire respecter les droits humains et défendre les victimes de crimes économiques quel que soit le pays d’activité des multinationales.

Nous nous réjouissons que Vinci nous offre grâce à sa plainte une autre occasion d’ouvrir un débat public sur le respect des droits fondamentaux des travailleurs sur ses chantiers au Qatar. Notre action a déjà porté ses fruits puisque les communicants de Vinci se sont vus contraints de répondre sur ses pratiques, et surtout, ont fait état d’améliorations des conditions de travail, depuis l’enquête et à venir, sur leurs chantiers au Qatar. Nous espérons que ces déclarations soient suivies d’améliorations concrètes et sensibles des conditions de vie et de travail sur place.

Pour plus d’information : presse@asso-sherpa.org