Communiqué de presse
Flux financiers illicites

Sherpa demande l’ouverture d’une enquête au sujet de l’implication d’un ancien haut fonctionnaire français dans une opération suspecte en Guinée

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Paris, le 31 juillet 2020 – Sherpa demande au parquet national financier d’ouvrir une enquête pour corruption, trafic d’influence et blanchiment d’argent pour faire la lumière sur les activités en Guinée de François de Combret, ancien haut fonctionnaire français, ex-associé gérant de la banque Lazard et proche du président guinéen Alpha Condé, dans le cadre d’un permis de concession minière impliquant l’entreprise anglo-australienne Rio Tinto. 

Malgré l’ouverture d’enquêtes à l’étranger, le parquet français ne s’est toujours pas saisi de cette affaire qui implique pourtant de très près un ressortissant français. Prenant acte de l’absence de poursuites par le parquet quatre ans après les révélations dans la presse, Sherpa a donc décidé de porter plainte le 28 juillet 2020 afin qu’une enquête menée en France puisse éclairer l’affaire. 

Comme l’a révélé Mediapart en 2016, François de Combret, proche du président guinéen Alpha Condé, aurait monnayé en 2011 son influence au profit du géant minier anglo-australien Rio Tinto. Contre près de 10,5 millions de dollars versés par les dirigeants de l’entreprise, cet ancien haut fonctionnaire français aurait permis d’obtenir le renouvellement de la concession du géant minier sur le gisement de la montagne Simandou, considérée comme la plus importante réserve de fer au monde. Le Serious Fraud Office britannique a ouvert une enquête sur cette transaction douteuse en 2017. 

Le montage utilisé permet de lever le voile sur les méthodes classiquement utilisées pour dissimuler les flux financiers illicites. Ainsi, les fonds suspects auraient été versés sur des comptes logés dans une banque suisse, détenus par une société immatriculée aux Îles vierges britanniques, elle-même contrôlée par François de Combret. Cette société aurait été enregistrée seulement trois mois avant la conclusion du contrat de Rio Tinto sur Simandou, pour lequel le géant minier aurait versé à François de Combret les 10,5 millions de dollars. 

Les paradis fiscaux continuent d’offrir aux particuliers les plus favorisés et aux entreprises des services de dissimulation massive de leurs transactions illégales.

Cette affaire met une nouvelle fois en lumière l’urgence de responsabiliser les intermédiaires financiers (banques, cabinets de conseil et d’audit, avocats, experts-comptables). Le rôle de ces acteurs dans le blanchiment ne peut plus être ignoré.  Leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment devraient être plus performants afin de mieux prendre en compte les risques liés à la sensibilité de l’activité de leur clientèle. Leur vigilance devrait aussi s’exercer à l’égard des personnes et conseillers proches des dirigeants d’État.

Enfin, les transactions illicites entachées de corruption contribuent à nuire aux intérêts des populations locales qui ne verront jamais le bénéfice des ressources de leur pays en termes de santé, d’éducation, de développement et de transition écologique. Ces transactions ne permettent pas d’enrayer la « malédiction des ressources » dont souffrent de nombreux États.