Communiqué de presse
Flux financiers illicites

Deux ONG exhortent la Gendarmerie Royale du Canada à enquêter sur la société Kinross après un rapport sur la corruption en Afrique

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Ottawa / Paris, le 10 Décembre, 2015. MiningWatch Canada et l’association française de lutte contre la corruption Sherpa ont annoncé aujourd’hui le dépôt d’un rapport à la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) appelant à une enquête sur la société minière canadienne Kinross Gold Corporation s’agissant d’éventuelles violations des lois anti-corruption du Canada dans l’exploitation par la société des mines de Tasiast en Mauritanie et de Chirano au Ghana.

Ce rapport, qui suit de près les révélations du journal français Le Monde[1] selon lesquelles Kinross est visé par une enquête conduite par la Commission US Securities Exchange (la «SEC») pour des faits de corruption en lien avec ses mines africaines, est basée sur des documents et des informations approfondies et détaillées reçues par Sherpa et MiningWatch contre les dénonciateurs et d’autres sources, et comprend des citations à comparaître visant Kinross dans le cadre de l’enquête en cours de la SEC, des documents internes de Kinross, et des lettres de lanceurs d’alerte qui décrivent de façon très détaillée des allégations de versement de pots-de-vin, de corruption et autres délits financiers en Mauritanie et au Ghana. Ces informations suggèrent l’existence de liens très étroits entre Kinross et des responsables publics, qui ont apparemment permis des flux financiers opaques de grande ampleur aux bénéficiaires illégitimes.

« Symboliquement et historiquement, cette initiative est sans précédent », a déclaré William Bourdon de Sherpa. « Pour la première fois, une enquête approfondie et crédible révèle les détails de relations structurelles, intimes et apparemment gravement corrompues entre une grande société minière canadienne et les autorités gouvernementales de deux pays qui sont parmi les plus pauvres de la planète. »

« Nous demandons à la GRC de mener une enquête approfondie et agressive des opérations africaines de Kinross, sur la base de ces informations – qui est aussi solide que stupéfiante – pour déterminer si les lois canadiennes anti-corruption ont été violées, comme cela semble avoir été le cas », a déclaré Jamie Kneen de MiningWatch.

Tant la Mauritanie que le Ghana ont longtemps lutté avec de graves problèmes de corruption. La Mauritanie est un des pays les plus corrompus de la planète, tandis que le Ghana a récemment été secoué par une série d’importants scandales de corruption. Pendant ce temps, le Canada continue d’être critiqué sur la scène mondiale pour la mauvaise application de sa législation anti-corruption, qui permet aux entreprises minières canadiennes de se livrer et de tirer profit de pratiques de corruption évidentes. Transparency International a noté que l’application modérée actuelle du Canada est « une dissuasion insuffisante » pour empêcher les entreprises canadiennes de se livrer à des pratiques de corruption.

Lettre adressée par les avocats de Kinross, le cabinet Norton Rose Fulbright à Sherpa du 25 janvier 2016.

Courrier en réponse de Sherpa et de Mining Watch adressé à Norton Rose Fulbright le 3 février 2016.