Communiqué de presse
Flux financiers illicites

Il faut annuler le Prix UNESCO-Obiang

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Paris, 5 octobre 2010 – Alors que s’ouvre ce jour la 185e session du Conseil Exécutif de l’UNESCO, les organisations de la société civile française lancent un appel au gouvernement français afin qu’il mette tout en œuvre pour que soit annulé le Prix International UNESCO-Obiang Nguema Mbasogo pour la Recherche en Sciences de la Vie.

Destiné à récompenser des travaux scientifiques susceptibles d’améliorer la condition humaine, ce prix a été créé en 2008 et honore le nom du Président Téodoro Obiang Nguéma Mbasogo de la Guinée Équatoriale, qui a contribué à son financement à hauteur de 3.000.000 USD.

L’association du nom de l’UNESCO à celui d’un chef d’État en exercice au sujet duquel existent de forts soupçons de détournements massifs de biens publics ne peut rendre service ni à l’UNESCO ni à la Science. Un rapport du comité d’enquête du Sénat américain accrédite en particulier les présomptions selon lesquelles le président Obiang et son entourage auraient détourné à des fins personnelles une part significative des revenus pétroliers du pays.

Quatrième producteur de pétrole d’Afrique sub-saharienne, la Guinée Équatoriale est dotée du PIB par habitant le plus élevé du continent, équivalent à ceux de la Corée du Sud ou de l’Italie. Pourtant, et d’après les propres chiffres fournis par le gouvernement, plus de 75% de sa population vivent sous le seuil de pauvreté. Clairement, les dirigeants de la Guinée Équatoriale ne consacrent pas les revenus pétroliers du pays à sortir leurs concitoyens de la pauvreté.

L’utilisation de capitaux qui devraient bénéficier aux Équato-guinéens à seule fin d’alimenter un prix en l’honneur du président Obiang va directement à l’encontre des missions de l’UNESCO.

En tant que pays-hôte de l’UNESCO, et eu égard à l’importante contribution financière que la France apporte à son budget, notre pays a une responsabilité toute particulière dans la sauvegarde de la réputation de cette institution.

Avec ses partenaires de l’Union européenne, la France doit exiger l’annulation du prix UNESCO-Obiang, seule position de nature à contribuer à la cohérence de sa politique de développement en Afrique.

Rappelons en effet que lors du dernier Sommet des Nations Unies sur les objectifs du millénaire pour le développement, le Président de la République a indiqué sa volonté de « trouver de nouvelles sources de financement pour la lutte contre la pauvreté, pour l’éducation et pour la résolution des grands problèmes sanitaires de l’Afrique » (20 Septembre 2010 – Assemblée Générale).

Cette volonté est manifestement incompatible avec une attitude qui consisterait, pour un État-membre de l’UNESCO, à tolérer qu’un prix de cette organisation internationale puisse honorer le nom d’un dirigeant d’un pays en développement suspecté de corruption à grande échelle, d’atteintes aux droits de l’homme et incapable de faire bénéficier sa population des revenus importants de son pays.

Nous demandons donc à la France d’adopter une position en accord avec la volonté exprimée par le Président de la République et d’user de tous les moyens possibles pour que ce prix soit purement et simplement annulé et pour que les fonds concernés soient investis dans le développement des systèmes de santé et d’éducation en Guinée Équatoriale.

Pour aller plus loin:

  • Télécharger le communiqué de presse [pdf]
  • Visiter la page consacré au prix UNESCO-Obiang sur le site de Human Rights Watch