Communiqué de presse
Flux financiers illicites

UNESCO : Prix du dictateur suspendu suite à une contestation mondiale

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Paris, 21 octobre 2010Sherpa et ses partenaires se félicitent de la décision de l’UNESCO annoncée le 20 octobre 2010 de suspendre indéfiniment la remise d’un prix financé par Teodoro Obiang, le président de la Guinée Équatoriale, et portant son nom. Ces organisations ont cependant réitéré leur appel à ce que l’UNESCO annule purement et simplement ce prix, à terme.

« Le régime de Teodoro Obiang porte atteinte à toutes les valeurs que l’UNESCO prétend défendre », a estimé Tutu Alicante, le directeur exécutif de l’organisation non gouvernementale EG Justice. « Nous nous réjouissons de ce que le Conseil exécutif a agi pour veiller à l’intégrité de l’UNESCO mais nous continuerons de nous battre pour que ce prix soit annulé. »

Le Prix International UNESCO-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie, doté de trois millions de Dollars, a été créé en 2008, puis suspendu en juin 2010 en attendant que la question soit à nouveau débattue. La décision de suspendre le prix pour une durée indéterminée est issue d’un accord négocié au sein du Conseil exécutif ce mois-ci. Aux termes de cet accord, le prix ne pourra être remis sans le soutien de tous les états membres.

Des personnalités africaines de premier plan, des auteurs latino-américains renommés, des lauréats du prix Nobel, des scientifiques et des professionnels de la santé publique, des militants pour la liberté de la presse, des lauréat du prix Cano, des défenseurs des droits humains et des organisations de défense des droits humains du monde entier se sont unis dans une campagne sans précédent pour faire annuler ce prix, invoquant leurs profondes inquiétudes quant au bilan de Teodoro Obiang en matière de corruption et de violations des droits humains. Parmi les personnalités qui ont participé à la campagne, l’on retrouve l’archevêque Desmond Tutu, Wole Soyinka, Mario Vargas Llosa, Claude Cohen-Tannoudji et John Polanyi, tous lauréats du prix Nobel ; l’écrivain Chinua Achebe ; la défenseure des droits humains Graça Machel ; et une soixantaine de personnalités équato-guinéennes.

« La famille Obiang fait l’objet d’enquêtes pour corruption en Europe, en Afrique et en Amérique du Nord. Comment se fait-il que la sonnette d’alarme n’ait pas été tirée au moment où l’UNESCO a décidé d’accepter les millions offerts par Teodoro Obiang ?», s’interroge Ken Hurwitz, conseiller juridique auprès d’Open Society Justice Initiative. « L’UNESCO devrait saisir cette opportunité pour mettre en place les garde-fous nécessaires pour parer aux manques révélés par cette controverse.»

Grâce aux richesses du pétrole, la Guinée Équatoriale a le PIB par habitant le plus élevé de toute l’Afrique subsaharienne ; pourtant, en termes de santé et de développement, les indices de la Guinée Équatoriale sont comparables à ceux des pays les plus pauvres du monde. A l’heure actuelle, l’UNESCO n’a mis en place aucune procédure permettant de vérifier l’origine des dons privés et d’empêcher le blanchiment d’argent.

Communiqué de :
Sherpa et Human Rights Watch (Paris)

Pour plus d’information : presse@asso-sherpa.org

Pour aller plus loin: Visiter la page consacré au prix UNESCO-Obiang sur le site de Human Rights Watch